05/04/2017
Le cas Techno
Tourner le dos à la techno, ce fut pour moi un dur destin.
Plus tard, reprendre goût à quoi que ce soit, une vraie victoire.
Nul ne fut peut-être, plus que moi, empêtré dans la technomania, nul n'a dû s'en défendre avec plus d'acharnement, nul ne s'est davantage réjoui d'en être enfin débarrassé.
D'autres peuvent sans doute se tirer d'affaire sans techno : mais le DJ n'est pas libre d'ignorer la techno. Il se doit d'être la mauvaise conscience de son temps : il faut donc qu'il ait la meilleure science de ce qu'est son temps.
Fort bien !
Je suis, tout autant que la techno, un enfant de ce siècle, je veux dire un décadent, avec cette seule différence que, moi, je l'ai compris, j'y ai résisté de toutes mes forces.
Et j'ai pourtant été l'un des technomaniaques les plus corrompus ! J'ai été capable de prendre la techno au sérieux !
Si, sur ce blog, je proclame hautement que la techno est nuisible, j'entends proclamer tout autant à qui elle est cependant indispensable.
Je comprends parfaitement qu'un musicien puisse dire aujourd'hui : "je déteste la techno, mais je ne supporte plus aucune autre musique".
C'est par la bouche de la techno que la modernité parle son langage le plus intime : elle ne cache ni ses vices, ni ses vertus, elle a perdu toute pudeur.
Mais je comprendrais aussi un DJ qui dirait : "La techno résume la modernité. Rien n'y fait, il faut commencer par être techno…"
Qu'exige un Dj, en premier et dernier lieu, de lui-même ? De triompher en lui-même de son temps, de se faire "intemporel". Sa plus rude joute, contre quoi lui faut-il la livrer ? Contre tout ce qui fait de lui un enfant de son siècle.
Mon expérience la plus marquante fût une guérison. La techno n'est qu'une de mes maladies.
Publié dans Livre, Musique | Tags : lcw, fr.n., oc-viii, transposition | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
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